Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/110

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demander directement au peuple du Bas-Canada, une augmentation des taxes de l’année précédente, le système des votes de confiance, mendiés à propos de tout, même à propos de leur lâcheté, par nos ministres, et accordés avec une si déplorable facilité par la chambre et même par la population du pays, serait mort depuis longtemps !

Sous un système de taxes directes, les représentants du Bas-Canada n’auraient peut-être pas laissé percer tant d’indifférence sur l’augmentation effrayante de la dette publique ! Mais avec des taxes indirectes, pourquoi de la rigidité ! Le peuple ne sait pas ce qu’il paie, ne s’aperçoit pas qu’on le pille, pourquoi le lui apprendre ? ne vaut-il pas bien mieux que les ministres et leurs fidèles en profitent ? Un vote de confiance n’est-il pas bien plus agréable au ministère et conséquemment bien plus utile au pays qu’une réduction dans les salaires, ou une économie sur le budget ?

Aussi, voyez ce bon peuple du Canada, comme il dort tranquille, depuis dix ans, sur la foi de ses pilotes ! comme il ne se doute pas qu’il doit déjà $18,000,000, c’est-à-dire environ onze piastres par tête, ou environ quatre-vingt-dix piastres par chaque propriétaire ! Qu’est-ce que cette misère pour refuser sa confiance aux hommes qui lui ont fait cette enviable position ?[1]

Voilà le grand danger des taxes indirectes, Messieurs, le peuple ne se réveille souvent que quand le mal est sans remède !

Si les habitants de ce pays avaient été assez instruits pour se mettre au courant des affaires publiques, ou bien s’ils avaient été taxés directement, peu leur eût importé que tel ou tel de leurs prétendus amis fût casé et cotté sur la liste civile, à six mille piastres de salaire annuel, — somme assez ronde pour un pays où on est très riche avec mille louis de revenu — peu leur eût importé que tel ou tel prétendu libéral pût se donner la gloriole si pleine de bon goût de leur faire dire par ses journaux : « Je suis au pouvoir, soyez contents et satisfaits » ce qu’il aurait exigé, sous peine de déchéance morale, c’eut été un équivalent pour les sommes qu’on lui a fait payer !

  1. Si l’emprunt pour le chemin de fer d’Halifax se négocie, la dette publique répartie sur le nombre des propriétaires, donnera une moyenne de $175.