Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/119

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seignements de l’histoire ; contre les nécessités locales résultant des positions géographiques et des besoins commerciaux ?

Allons-nous enfin ne pas tenir compte de cette association d’idées générale, universelle qui domine aujourd’hui les événements et des hommes dans le nouveau monde, et les dominera finalement dans l’ancien ; de cette association d’idées qui a irrévocablement décrété la chute, la mort de tout état social qui n’est pas la démocratie ; de tout principe politique qui n’est pas la souveraineté du peuple ; de toute organisation nationale qui n’est pas la république ?

Messieurs, assez d’hésitations nous ont compromis !

Assez de faux pas nous ont attristés !

Assez d’hommes, dans ce pays, ont renié leurs antécédents !

Assez d’hommes, dans ce pays, ont oublié leurs devoirs !

Assez d’hommes, en Canada, ont refoulé leurs convictions à cet endroit où autrefois ils avaient un cœur !

N’allons pas, à l’exemple de ces faux frères qui ont déserté le drapeau du libéralisme pour se couvrir des oripeaux du régime colonial, n’allons pas, nous aussi repousser, proscrire les seules idées saines, les seuls principes justes, les seuls sentiments honorables pour les nations comme pour les individus ! N’allons pas nous poser, dans le courant des choses humaines, à l’instar de l’écueil inerte et impassible qui brise le cours du fleuve !

Messieurs, nous avons des devoirs à remplir non seulement envers ceux de nos concitoyens qui sont moins à portée que nous de connaître leur position actuelle et d’apprécier leur sort futur ; nous en avons aussi envers la jeune génération qui nous pousse irrésistiblement vers l’avenir.

Cette génération, Messieurs, n’a pas encore la conscience du mal que nous pouvons lui faire, ni du bien qu’elle peut nous devoir ; mais, plus tard, elle acquerra le droit de nous juger.

Nous avons le choix aujourd’hui entre sa reconnaissance et son mépris. — Nous aurons l’une ou l’autre selon que nous aurons été inspirés par l’esprit d’indépendance, ou dégradés par le servilisme ministériel.