Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/126

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D’abord cela ne s’est jamais vu, excepté seulement dans quelques pays où un peuple conquis par l’étranger a été dépossédé au moyen de lois arbitraires, ou chassé en masse par la force physique. Or, dans le cas d’une annexion de ce pays aux États-Unis, aucun homme raisonnable ne peut prétendre que nous courions ce danger.

Reste donc la prétendue possibilité que des cultivateurs Américains viennent en grand nombre acheter des terres dans ce pays. Examinons cette question.

D’abord je demanderai à ceux qui se laissent effrayer par toutes ces prévisions sans fondement, si nous avons raison de craindre une forte immigration d’agriculteurs du Massachusetts, du Connecticut, de New-York, de la Pennsylvanie et de l’Ohio ?

Évidemment non, car dans ces différents états, les terres valent les nôtres, généralement parlant, le climat est beaucoup plus doux, les marchés sont meilleurs, les communications plus faciles, et les prix plus élevés parce que la population Américaine est plus riche et consomme plus que la nôtre.

D’ici à bien longtemps encore la culture de la terre sera plus profitable aux États-Unis qu’en Canada, parce que les villes y sont beaucoup plus nombreuses, et qu’après tout ce sont les grands centres de consommation qui donnent du prix aux denrées. Plus il a de bouches à nourrir, plus le cultivateur est riche.

D’ailleurs, les Américains se porteront toujours de préférence vers l’ouest où la terre a si peu de valeur et où elle est d’une si prodigieuse fécondité. Les prairies du Wisconsin, de l’Iowa, du Minnesota et de l’Orégon, tant parce qu’elles sont vierges qu’à cause de leur délicieuse température, obtiendront toujours la préférence sur nos terres déjà un peu fatiguées et couvertes de neige pendant cinq mois de l’année.

Il n’y aurait donc que l’agriculteur des états de Maine, de Vermont et de New-Hampshire qui ne redouterait pas beaucoup le climat du Canada, parce que sous ce rapport il n’est guère plus favorisé que nous ; mais, même avec celui-ci, il faut toujours faire entrer en ligne de compte la supériorité du sol et du climat de l’ouest. Eh bien, une immigration d’a-