Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/127

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griculteurs fournie par ces trois états seulement, dont la population totale est moindre de 400,000 âmes que celle des deux Canadas, peut-elle être bien redoutable pour une population aussi compacte que la nôtre, et dont la force d’inertie est le caractère principal !

Maintenant, en mettant les choses au pire, je suppose que dans les deux ou trois années qui suivront l’annexion, trois ou quatre mille cultivateurs américains viendront chercher fortune en Canada. Disons qu’ils achèteront quatre mille terres, et qu’ils les paieront en moyenne $1,200. Cela fera une importation de capital de près de $5,000,000. Est-ce là le mal dont nous sommes menacés ? Certes, Messieurs, je crois que le Canada aurait fort mauvaise grâce à se plaindre d’un malheur de cette espèce ! ! ! Ces $5,000,000, où iront-ils ? Dans la bourse du cultivateur Canadien, qui ne les aura certainement pas sous le régime actuel, et sans l’annexion !

Dans un pays neuf et arriéré comme le nôtre, c’est un immense avantage qu’une immigration d’hommes laborieux, sachant mieux cultiver que nous et possédant quelques capitaux ; car celui qui vend sa propriété pour à peu près sa valeur, peut toujours, avec la somme qu’il a reçue, s’il l’emploie judicieusement, devenir plus riche qu’il ne l’était auparavant.

Que font aujourd’hui les habitants des bords du St. Laurent ceux surtout qui ont de nombreuses familles ?

Ne les voyez-vous pas tous les jours, vendre leurs terres à 25 et 30 pour 100 de perte, pour aller en acheter de plus grandes dans les parties plus nouvelles, où la terre est à bon marché ?

Cent arpents de terre, sur le St. Laurent, valent généralement au-delà de £500. Avec cette somme un cultivateur peut presque toujours acheter jusqu’à cinq cents arpents de terre dans les profondeurs du pays, et au bout de quelques années, il est sûr de doubler et même de tripler sa fortune. Personne que je sache n’a jamais découvert là-dedans un danger pour la population Canadienne ! Or si aujourd’hui des Canadiens trouvent leur compte à vendre leurs terres, même à perte, à d’autres Canadiens, ou à des Anglais, ou à des Irlandais, pour aller faire des défrichements à quinze lieues de leur résidence première, comment donc le fait de les