Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’est pas nécessaire d’étendre le principe électif an conseil législatif puisque je suis au pouvoir. Plus tard nous venons. »

Sans doute ces mots n’ont pas été dits, mais la chose l’a été ; l’idée de l’orateur était transparente comme le cristal !

Et vous ne verrez pas davantage une législature accueillir une pareille forfanterie par un vote de confiance dans celui-là même qui l’a proférée ! !

Avec l’annexion, il ne sera pas loisible au gouverneur de refuser sa sanction à une loi passée par les deux chambres ! Vous n’aurez plus, à quinze cents lieues de vous, une autorité sans connaissance exacte de vos affaires et de vos besoins, et surtout sans contrôle efficace, libre de suspendre, pendant deux ans, la sanction royale, sur quelque mesure que ce soit.

— C’est un droit qui ne s’exerce que rarement, dit-on ! !

— Rarement ou non, il s’exerce, donc il existe. On a donc mis des restrictions constitutionnelles au pouvoir de la législature. Elle n’est donc rien sans le bureau colonial ! !

En vous donnant le gouvernement responsable, on n’a donc fait qu’allonger un peu le licou ! ! Le ministre des colonies peut donc toujours nous regarder comme des élèves de collège auxquels il convient d’accorder de temps en temps de légères faveurs, mais aussi auxquels il faut bien quelquefois faire les gros yeux pour les tenir dans le devoir.

« Je plains profondément, dit Mr. de Beaumont, celui qui se croit libre parce qu’il n’est pas en prison, quand il existe une loi qui permet de l’emprisonner. »

Eh bien, Messieurs, la législature du pays est constamment exposée à voir le bureau colonial exercer son droit de restriction contre ses actes. Or la possibilité journalière de l’exercice arbitraire d’un droit absolu de restriction, de l’application arbitraire d’une peine quelconque, est la restriction même, est la peine même pour celui qui en est menacé. Mais pour sentir cela il faut être homme de cœur, voilà pourquoi ceux d’entre nous qui sont passés à l’ennemi ne le sentent pas ! !

Avec l’Annexion, vous ne verrez plus un ministère libéral destituer des officiers publics parce qu’ils auront publiquement exprimé une simple opinion sur l’état des affaires, sur les besoins du pays. Vous verrez encore moins un ministre