Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/165

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Cette connaissance de leurs droits, cette intelligence du fonctionnement des institutions dont ils jouissent, les peuples l’acquièrent-ils par l’étude des théories, ou par la pratique journalière ? Évidemment, par la pratique.

C’est par la répétition fréquente des mêmes actes d’organisation politique, c’est par l’exercice habituel du droit d’élection que le peuple se forme à la pratique des institutions démocratiques ; qu’il acquiert la compréhension de ses droits, et de ses devoirs.

Mais pour que ces résultats soient sérieux, réels, il faut que dans les institutions dont il jouit la pratique soit conforme aux théories. Du moment qu’il y a contradiction entre l’idée et son application, entre le fait et le droit, il tombe dans le vague, ses idées se faussent, ses notions de droits et de devoirs n’ont plus d’appui, de règle certaine ; alors survient la démoralisation intellectuelle.

Voilà, Messieurs, ce qui est arrivé en Canada.

On a dit au peuple qu’on lui avait octroyé des institutions libérales… il l’a cru sans peine parce qu’il avait confiance dans les hommes qui lui-disaient cela. Malheureusement, il n’était pas assez-éclairé pour s’apercevoir de suite que tout en lui reconnaissant quelques droits, on lui ravissait ses droits essentiels ! On lui octroyait bien ce qu’on est convenu d’appeler le gouvernement responsable ; mais comme on ne le consultait pas, c’était bien plutôt une imposition qu’une concession : de plus on lui imposait forcément l’Union, la dette du Haut-Canada, l’inégalité dans la représentation, etc. etc. Le droit était reconnu dans les écrits, mais sa violation était consignée dans les faits ! !

Et pourtant ses amis d’alors ont trouvé que cela était bien ! !

On a dit au peuple que le gouverneur aurait des conseillers appelés ministres qui seraient responsables de leurs actes à ses mandataires ; mais on lui a laissé ignorer que ces conseillers du gouverneur jouiraient d’un patronage tel que leurs moyens de corruption seraient presqu’illimités ; et que conséquemment leur responsabilité ne serait qu’un leurre, une déception : Et le peuple commence à voir qu’on l’a trompé !

On lui a dit que rien ne pourrait se faire sans le consentement de ses mandataires ; mais on lui a laissé ignorer aussi