Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/191

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mots latins dont ils ignorent le plus souvent le sens exact et qu’il leur est conséquemment impossible d’appliquer juste ; de là des contresens, de là conséquemment des pensums.

Très souvent, dans les explications qu’on leur donne, rien n’est à leur portée, rien n’est tangible à leur intelligence, rien n’est propre à fixer fortement leur attention. Une difficulté métaphysique se résout par une réponse évasive qui, le plus souvent, renferme une autre difficulté métaphysique.

L’étude devrait être pour les enfants un plaisir, — et c’est là le seul moyen de la leur faire aimer ; eh bien, elle n’est ordinairement pour eux qu’un labeur pénible, un ennui, une fatigue morale.

On leur fait étudier à fond les langues mortes, devenues comparativement inutiles ; on leur fait à peine effleurer les langues vivantes, devenues nécessaires ! Celle que l’on étudie le moins, au collège, c’est sa langue naturelle, précisément celle qui devrait faire l’étude de toute la vie ! !

Sous l’empire des institutions démocratiques ou constitutionnelles, l’art de la parole est presque une condition sinè quà non d’influence politique : cet art est complètement négligé.

Sous le prétexte de les préserver du mal, on tient les jeunes gens dans une séquestration morale absolue ; on les laisse dans une ignorance complète de ce qui se passe dans le monde. En principe général, toute idée qui vient de l’extérieur est regardée comme dangereuse ; toute idée qui est en opposition avec celles que le professeur s’est formées est décidément mauvaise.

Vingt-neuf sur trente des élèves d’un collège sont destinés à entrer dans le monde ; eh bien, comment leur représente-t-on ce monde auquel ils sont destinés ? Comme un lieu de perdition où tout est mauvais, où tout est danger !

Dans les leçons, dans les exhortations surtout, on ne le leur présente que sous son plus mauvais côté : ils ont vingt-neuf chances sur trente de s’y perdre.

Aussi, ne redoute-t-on rien autant, dans les collèges, que le moindre contact, de la part des élèves, avec ce qu’on appelle le monde. Les réunions d’amis, les plaisirs paisibles de la société sont le plus souvent regardés par les supérieurs