Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/192

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comme des sujets habituels de scandale, des occasions de chute.

On multiplie les prohibitions, les contraintes, et l’on ne fait pas attention que les privations rendent les désirs plus vifs, plus violents, les besoins plus irrésistibles. Mille choses qui sont sans conséquence pour celui qui en a l’habitude, possèdent des attraits infinis pour l’enfant qui n’en jouit jamais. S’il les connaissait mieux, il les désirerait moins, éprouverait moins de ce que l’on peut appeler des tentations mondaines, et se livrerait davantage à l’étude.

L’homme est destiné à jouir de la société de la femme.

Homme fait, elle est sa compagne nécessaire ; jeune homme, sa compagnie la plus agréable quoiqu’on en dise ; enfant, son guide le plus sûr et le plus désintéressé.

Ce n’est que dans la société des femmes que l’on trouve tout-à-la-fois l’élégance dans les manières, la délicatesse dans les procédés, ce qu’on appelle en un mot, le savoir vivre, le bon ton. Ce n’est surtout que dans la société des femmes, — et voilà ce que l’on me parait ignorer totalement dans les collèges, — que l’on acquiert la décence parfaite dans les conversations et les sentiments !

L’homme dont la jeunesse se sera écoulée au milieu d’une société respectable, quand même il aurait eu des relations habituelles avec des femmes de bon ton, vaudra invariablement mieux que celui qui les aura constamment évitées. Il fera plus facilement et plus tôt son chemin dans le monde, car la société des femmes donne tout-à-la-fois plus d’aisance aux manières, plus de finesse, d’aplomb, de perspicacité et d’étendue à l’esprit.

Je ne prétends nullement qu’il faille lancer les élèves d’un collège dans la fréquentation journalière de la société, car cela serait l’excès opposé à celui que je blâme ; mais je crois qu’on leur ferait plus de bien en leur permettant quelquefois de s’y mêler ; en leur procurant, à titre de récompense, la jouissance de quelques uns de ses plaisirs. Cela serait peut-être un moyen d’émulation beaucoup plus puissant que les petites récompenses de cloître qu’on leur distribue, souvent avec une singulière parcimonie.

L’élève de collège en général voit trop rarement sa famille. Un enfant n’y doit aller qu’une fois par mois, pourvu qu’elle