Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/26

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l’Assemblée, parce que, disaient-ils, nommer président de l’Assemblée un homme auquel la langue française n’était pas familière, c’était la proscrire !  !

Auriez-vous été témoins de l’imposition, sur le Bas-Canada, d’une dette de £3,000,000 sterling, à la création de laquelle il n’a jamais consenti ? Loin de là ; on ne l’avait pas seulement jugé digne d’être consulté ?

Le Bas-Canada n’aurait certes pas, sous des institutions démocratiques, été sacrifié à une sale intrigue d’agiotage, imaginée et consommée au profit de la maison Baring par cet habile Macaire politique, sir Poulett Thompson, qu’on a fait baron pour le récompenser d’un vol national commis à notre préjudice.

Enfin, Messieurs, si nous eussions été annexés aux États-Unis en 1815, vous ne verriez pas aujourd’hui le Clergé faire la propagande absolutiste ; anathématiser le libéralisme ; et lancer ses maigres ferrailleurs, désolantes médiocrités que les éclairs de génie ne tourmentent guères, sur ceux qui ont le malheur de trouver que les papes sont devenus un peu plus aristocrates que ne le comporte la formule « serviteur des serviteurs de Dieu. »

De tout ce que je viens de dire, Messieurs, il résulte que le droit naturel et le droit politique sont également violés à l’égard du Bas-Canada : le droit naturel, par le seul fait que nous sommes sous la dépendance d’un autre peuple ; le droit politique parce que l’on nous a taxés sans notre consentement ; parce que l’on a décrété l’infériorité politique du Bas-Canada en lui donnant une représentation moindre relativement à sa population, que celle du Haut-Canada ; parce qu’aujourd’hui même, cette prétendue réhabilitation de la langue française, dont quelques vanités du jour se sont targuées, avec tant de complaisance est une pure moquerie, puisqu’une loi dont l’original est écrit en français doit être traduite afin que l’anglais devienne l’original, et le français la copie. [1]

Cela n’empêche pas néanmoins qu’il n’existe parmi nous des gens qui prétendent que le Canada jouit de la plus grande somme de liberté possible, qu’il jouit du droit de se gouverner lui-même dans toute sa plénitude. Vous avez vu des journaux imprimés en français afficher l’ignorance au point d’affirmer que comme colons Anglais, nous jouissions d’une

  1. Cela était vrai il y a trois ans, mais ne l’est plus maintenant. Les procédés de la Chambre se font légalement aujourd’hui dans les deux langues.