Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/37

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tune personnelle ; et tous le savez comme moi, Messieurs : cette espèce est toujours nombreuse.

Messieurs, ce qui s’est passé aux États-Unis depuis trois mois, peut fort bien nous servir de point de comparaison, et faire ressortir tout l’odieux de la conduite de notre gouvernent local.

La question de l’esclavage qu’on vient de traiter sérieusement chez nos voisins, y a surexcité l’opinion, alarmé les intérêts, soulevé les passions. Un petit nombre d’hommes ardents ou intéressés, auxquels l’actualité d’une question secondaire faisait perdre de vue l’ensemble de la situation politique, ont dépassé les bornes que prescrivaient tout-à-la fois la raison, le patriotisme, le sentiment de la gloire et de la grandeur nationale, et ont eu le malheur de prononcer le mot de séparation.

Vous avez vu quelle explosion d’indignation cette seule pensée a universellement soulevée ; quels magnifiques élans d’amour du pays ont retenti dans le Congrès, quelles sages et belles paroles ont été prononcées, par des hommes de toutes les nuances et de tous les partis, dans les imposantes assemblées publiques qui se sont tenues dans les grandes villes comme dans les campagnes ! Vous avez vu comme on s’y est unanimement rattaché à la question dominante, à la question-mère, à celle dans laquelle doivent se résumer et se fondre toutes les autres questions, celle de l’unité nationale : vous avez vu le glorieux et formel démenti donné par un grand peuple aux prévisions, aux espérances des ennemis de la démocratie, ainsi qu’aux illusions de nos connexionistes ministériels, qui chantaient déjà victoire, et regardaient la scission entre le Nord et le Sud comme inévitable ; car c’est une chose très remarquable, Messieurs, que dans tous les pays, les hommes achetés par le pouvoir ou dominés par le désir de l’être, soient toujours si heureux de voir les institutions démocratiques courir le risque d’éprouver quelques échecs, ou les principes démocratiques subir de légères atteintes des passions ou de la légèreté des hommes ! Cela prouve peut-être, Messieurs, qu’entre le libéralisme honnête et le ministérialisme il y a précisément la même différence qu’entre la vertu et l’hypocrisie.

Mais ce que vous n’avez pas vu, Messieurs, c’est l’interven-