Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, première partie.djvu/222

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c’est donc réellement comparer ce mouvement au mouvement connu d’un point de l’équateur pendant la révolution diurne de la terre. Or, c’est-là véritablement le mesurer ; car mesurer une quantité quelle qu’elle soit, c’est toujours la comparer à une quantité connue de même espèce qui sert de mesure commune. Voilà pourquoi on peut dire sans erreur, quoique ce soit une très-mauvaise manière de s’énoncer, que l’on a la vitesse d’un mouvement en divisant l’espace par le temps, locution vicieuse que l’on exprime par ces caractères qui, en l’abrégeant, déguisent encore davantage le fond de la pensée.

Voulez-vous la preuve que cette formule a réellement le sens que je lui donne, quoiqu’elle ne le fasse pas apercevoir d’abord ? Appliquons-la à un cas particulier. Supposons qu’il s’agisse d’un mouvement qui parcourt dix mille mètres en six heures, vous aurez pour expression de sa vitesse cette fraction , laquelle ne signifie absolument rien ; ou si vous faites la division, vous aurez le nombre 1666,66, qui n’est ni des mètres, ni des heures, ni du mouvement, et