Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/205

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souvenirs ne remonterait jusqu’au tems présent, et encore moins jusqu’au passé qui l’aurait précédé.

Cette idée peut paraître bisarre ; cependant je l’expose, parce que je la crois propre à bien faire sentir le mécanisme du discours relativement à la durée, et aux tems des mots qui en désignent les époques.

Heureusement il n’a pas pu venir dans la tête des hommes de réaliser cette supposition. Quand on parle, c’est toujours pour exprimer ce que l’on pense, à l’instant où l’on parle : il était donc indispensable que tout le discours se rapportât à cet instant ; et que les tems qui y sont destinés à représenter le présent, s’appliquassent à ce moment-là. Le présent, dans le discours, est donc toujours l’instant de l’acte de la parole ; et cette époque est toujours la même dans tous les discours.

à la vérité, elle est perpétuellement variable ; mais cela est indifférent, parce que toutes les autres qui sont énoncées, sont toujours relatives à celle-là, et se grouppent autour d’elle.

L’idée de présent n’est susceptible ni de plus ni de moins : ainsi, il ne peut y avoir qu’un tems présent à chaque mode des