Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/312

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mention que ces deux écritures se rapportassent à deux langues différentes. Mais il est à remarquer que ces récits sont ceux d’hommes qui n’ayant pas profondément réfléchi sur la nature de ces signes, croient que l’obscurité de tout ce qui est écrit en hiéroglyphes tient uniquement à la jalouse inquiétude des prêtres, et pensent que l’on peut passer tout naturellement et par gradations successives, des caractères hiéroglyphiques aux alphabétiques. Or ces deux suppositions sont également fausses. On peut donc et l’on doit suivant moi, sans nier les faits, révoquer en doute l’explication de la manière dont ils sont arrivés. Je pense que c’est un sujet à soumettre tout de nouveau à la discussion, malgré les grands travaux de Warburton et du comte De Cailus ; et qu’il serait également curieux et utile d’examiner si ce n’est point aussi à la cause que j’indique, que tient la disparution de quelques anciennes langues de l’Inde, et la difficulté de deviner certaines écritures. Je suis tenté de le croire ; car il me paraît impossible que l’usage d’une langue peinte ait été abandonné autrement, que par l’abolition de la langue parlée à laquelle elle correspond.