Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/313

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Au reste il serait encore plus impossible qu’un peuple ayant joui des avantages d’une véritable écriture, y renonçât pour adopter une langue peinte ; et c’est sans doute cette considération, qui a établi l’opinion que ce dernier procédé est le plus ancien, quoique je ne voye aucune raison de le croire.

Quoiqu’il en soit, le jour où une nation a choisi entre ces deux manières de rendre permanens les signes de ses idées, le jour où elle a adopté l’une des deux, elle a décidé de son sort à jamais.

Si elle a préféré les hiéroglyphes, elle s’est ôté à elle-même tout moyen d’accroître ses connaissances, et même de conserver dans leur pureté celles qu’elle pourrait recevoir d’ailleurs ; elle a prononcé que son existence, quelque longue qu’elle fut, serait presque aussi inutile aux progrès ultérieurs de l’esprit humain, que si elle n’avait point du tout de signes permanens de ses idées ; elle a fait de son histoire comme de celle des peuples sauvages, une lacune plus ou moins longue, dans l’histoire du genre humain. Elle s’est faite un rameau inutile de ce grand arbre, pouvant porter quelques feuilles, mais incapable de produire aucuns fruits. Nous ne chercherons