Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/33

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immense. Si l’on voulait ne laisser échapper aucune des vérités grammaticales, il faudrait se livrer à des recherches vraiment effrayantes : mais c’est le sort de toutes les branches de nos connaissances. Il n’y en a pas une, même la plus futile, qui ne soit réellement inépuisable, et qui n’offre toujours un plus grand nombre de combinaisons nouvelles à examiner, à mesure qu’on l’approfondit davantage. C’est cette fécondité indéfinie, qui attache si puissamment chacun de nous, à l’objet favori de ses recherches, et qui lui fait voir tant de choses intéressantes dans une matière qui paraît aride et bornée à l’homme indifférent, ou peu instruit. Il n’y a donc point de sujet qui ne soit sans bornes, quand on ne sait pas y en mettre. Le seul moyen de se renfermer dans les limites convenables est, ce me semble, de ne jamais perdre de vue le but qu’on se propose. Ainsi, par exemple, j’aurais pu certainement faire un ouvrage bien volumineux sur l’Idéologie proprement dite. Mais je ne me proposais pas d’écrire une histoire complète de l’esprit humain ; je ne voulais qu’éclaircir la formation de nos idées suffisamment, pour établir d’une manière certaine