Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/399

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

devienne universelle en tant que savante et non usuelle, à moins qu’elle ne fournisse aux hommes éclairés des moyens de combiner et d’exprimer leurs idées, plus sûrs et plus exacts que ceux que leur offriraient tous les autres idiômes usités, ce qui serait sans doute d’un avantage inappréciable : mais alors ce ne serait pas à raison de son universalité qu’elle serait utile, mais à raison de sa perfection : et cela nous ramène à examiner seulement en quoi consiste la perfection d’une langue, jusqu’à quel point elle est possible, et quels sont les moyens d’en approcher.

Ce sujet est vraiment beau ; mais pour ne pas s’égarer en le traitant, il faut se hâter de le circonscrire. Sans doute, pour qu’une langue méritât d’être regardée comme parfaite, il faudrait qu’elle fût sonore, harmonieuse, pittoresque, favorable à la poésie, à la musique, à l’éloquence, et qu’elle se prêtât à tous les besoins de l’homme, et encore à tous ses plaisirs : mais en envisageant de cette manière l’idée de perfection, il ne pourrait être question que des langues orales, car il n’y a qu’elles qui soient susceptibles de ces avantages, au lieu que nous qui