Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, seconde partie.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

changer cette dénomination, je range dans cette première classe, tous les mots qui, comme je l’ai dit, forment à eux seuls une proposition toute entière. Ainsi, on doit y comprendre, non-seulement toutes les interjections proprement dites, mais encore plusieurs mots, que l’on nomme particules et adverbes, tels que oui, non, et plusieurs autres.

Pour reconnaître si un mot est de ce genre, il suffit de voir s’il fait à lui tout seul, un sens fini et complet. Ainsi non est un mot de ce genre, parce qu’il signifie, je ne veux pas cela, je ne crois pas cela : et ne n’en est pas, parce qu’il n’a point de sens, s’il n’est joint à un verbe qu’il modifie.

Par cela même que ces mots forment une proposition toute entière, ils sont nécessairement isolés dans le discours ; ils n’ont de relation directe avec aucun autre mot ; et ne peuvent donner lieu à presqu’aucune règle de syntaxe ou de construction.

Par la même raison, ils renferment implicitement un sujet et un verbe qui s’y trouvent confondus ; et par conséquent, ils ne peuvent avoir ni conjugaisons, ni déclinaisons. Car à quoi serviraient-elles ?