Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/110

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ont commencé à étudier les faits et à chercher ce qui se passe en nous quand nous pensons, mais sans révoquer encore en doute les principes de l’art syllogistique que Descartes lui-même n’avait pas mis en question, et, qui pis est, sans sentir toute l’importance de la manière dont ce grand homme commence la rénovation de ses idées, et sans s’appercevoir que quand on veut arriver à des idées certaines quelconques, la première question à éclaircir est effectivement celle de l’existence de quoi que ce soit. Une conception si profonde était alors trop en avant des vues des autres hommes pour qu’ils en fussent frappés. Ils se sont bornés à suivre l’impulsion donnée par Bacon. Ils ont examiné beaucoup de choses qu’Aristote avait négligées ; ils ont creusé celles qu’il n’avait fait qu’effleurer ; mais ils ont conservé provisoirement les principes techniques qu’il avait posés prématurément. Bacon est devenu l’ame de leurs recherches ; et Aristote est demeuré encore le législateur de la science qui existait à peine, et de l’art qu’il avait fondé sur une base fausse, mais qu’il avait créé très-complet. Cet état de la science et des esprits se voit clairement dans la logique de Hobbès : elle est très-curieuse sous ce rapport. Ce philosophe é