Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/289

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variable. Elle est un souvenir exact de ce qu’elle a été constamment. Enfin, et ceci est une conséquence de ce que nous venons de dire, ce qui achève de prouver que nos diverses dispositions n’altèrent nos jugemens qu’en brouillant nos souvenirs, c’est qu’elles ne produisent cet effet que sur les idées auxquelles elles peuvent se mêler sans que nous nous en appercevions. J’ai beau être triste ou gai, accablé ou plein d’action, bien ou mal à mon aise, je porterai toujours le même jugement sur l’égalité ou la différence de deux idées de quantité. Il m’est trop manifeste que ce que j’éprouve d’ailleurs est étranger à ces idées, pour qu’elles en soient obscurcies. Elles me reviennent toujours les mêmes ; mes jugemens sur leur compte sont inaltérables, et partant conséquens et justes, car c’est la même chose. On voit donc que cette observation générale de l’influence de l’imperfection de nos souvenirs, rend raison de l’altération et de l’inconséquence de nos jugemens, produites par les différentes dispositions dans lesquelles l’être sensible se trouve successivement dans le cours de son existence. Elle explique en même tems l’effet que produit sur nos opinions et nos goûts, ou plus généralement sur nos jugemens, 1) la diffé