Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/335

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accessoire de ce raisonnement ; ce n’est pas le but qu’on se propose en le faisant, ni la qualité qui le constitue essentiellement un raisonnement. En effet, additionner ou soustraire ce n’est pas réunir ou séparer en général deux êtres ou deux groupes d’êtres. C’est les réunir ou les séparer uniquement et spécialement sous le rapport de la quantité, dans l’intention de déterminer quelle est la quantité de l’un des deux, après qu’on y a ajouté ou qu’on en a retranché celle de l’autre. Or ce n’est point du tout là ce qu’on se propose quand l’on rapproche des idées les unes des autres, dans un jugement ou dans un raisonnement. Le nombre précis de ces idées et celui de leurs élémens est fort indifférent pour l’objet qu’on a en vue. On n’y a aucun égard ; et le résultat de l’opération exécutée n’est point de constater ce nombre. Ainsi, quand il serait vrai que par l’effet d’un raisonnement, le nombre de nos idées ou celui des élémens d’une idée, serait augmenté ou diminué, ce ne serait encore que par extension, je dirai même par abus, que l’on pourrait dire que ce raisonnement est une addition ou une soustraction ; et quand on le dirait, ce ne serait pas mieux peindre ce qu’est réellement ce raisonnement, que