Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/369

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de même notre discours, en quelque langage qu’il soit, exprime d’abord une proposition toute entière en bloc, par un seul signe. C’est l’interjection. Ensuite, quand dans un jugement nous séparons le sujet de l’attribut, et que nous le nommons, l’interjection par cela même n’exprime plus que l’attribut. Elle devient le verbe. le signe représentant le sujet est le nom. le nom et le verbe, voilà les deux seuls élémens nécessaires de la proposition. L’un exprime l’idée existante dans l’esprit ; l’autre, l’idée existante dans celle-là. Tous deux renferment l’idée d’existence, et sont parconséquent susceptibles de tems et de modes. Le nom est toujours, et nécessairement au tems présent et au mode énonciatif : car l’idée dont s’occupe notre esprit, est toujours énoncée actuellement existante, par cela seul qu’on la nomme ; c’est ce qui fait qu’on ne s’apperçoit pas que le nom a un mode et un tems. Le verbe au contraire est susceptible de tous les tems et de tous les modes, parcequ’une idée peut être dite existante dans une autre de toutes ces manières différentes. Aussi il n’y a pas d’énoncé de jugement sans verbe, et il y a énoncé de jugement, dès que le mode du verbe, ou la