Page:Destutt de Tracy - Élémens d’idéologie, troisième partie.djvu/457

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Ici les idées de quantité font une exception très-notable. Elles sont d’une nature si précise, et leurs rapports entr’elles sont si peu variés et si nettement déterminés que l’on ne peut s’y méprendre, et que cette façon de les représenter ne saurait y porter aucune obscurité. Ainsi la langue peinte (ne fût-elle pas, comme elle pourrait l’être, mieux faite pour cet objet que la langue parlée) elle serait du moins sans inconvénient à l’égard des idées de quantités ; elle remplirait le but de les rendre permanentes sans confusion ; et elle aurait même sur la véritable écriture la supériorité de la briéveté. Tel est le système de figures que nous appelons les chiffres romains. Ces lettres peignent très-nettement les nombres, et sont moins longues à tracer, que s’il fallait écrire complètement tous les sons des noms de nombres d’une langue parlée. Aussi s’en est-on servi ; et voilà déjà la science des quantités employant une langue ou portion de langue particulière, qui lui est propre ; car ce n’est plus là la simple écriture de la langue parlée vulgaire. Mais il y a plus ; la précision des idées de quantité et la monotonie de leurs rapports, font qu’une langue peinte peut avoir pour elles un énorme avantage sur toute langue parlée. Cette