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Contes d’un buveur de bière

leure hôtellerie de la ville. Il y fut sur-le-champ.

Enchanté de cette découverte, il se fit servir un bon souper, but deux bouteilles de bière de Louvain, &, comme il était trop tard pour rendre visite au roi, il alla se coucher. Il l’avait bien gagné.

Le lendemain matin, en mettant le nez à la fenêtre, il vit que les maisons étaient pavoisées de drapeaux, ornées de mais & enguirlandées de feſtons qui traversaient la rue en se croisant d’une lucarne à l’autre. Tous les clochers de la ville carillonnaient, &, dans ce grand bruit, on diſtinguait le doux cliquetis des pendeloques de verre suspendues aux couronnes.

Le petit soldat demanda si on attendait quelque prince ou si l’on célébrait le sacre de la rue.

« On attend, lui fut-il répondu, la fille du roi, la belle Ludovine, qui eſt retrouvée & qui va faire son entrée triomphale. Tenez, entendez-vous les trompettes. Voici le cortège qui s’avance.

— Cela tombe à merveille, pensa le Rôtelot. Je vas me mettre sur la porte, & nous verrons bien si ma princesse me reconnaîtra. »

Il acheva dare dare de s’habiller, &, franchissant en deux sauts les marches de l’escalier, il arriva juſte au moment où le carrosse doré de Ludovine passait devant la porte. Elle était vêtue d’une robe de brocart, avec un diadème d’or sur