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Contes d’un buveur de bière


III


Le souverain déclara alors par un édit que le premier qui, sous couleur de pêches, lui apporterait encore des glands ou des crapauds, il le ferait pendre à la flèche du beffroi.

Le sabotier voulut savoir de ses fils ce que cela signifiait, mais ils se gardèrent bien de lui avouer comment, par leur malhonnêteté, les pêches s’étaient changées en route.

Le pauvre homme ne pouvait se consoler de ce qu’ils eussent manqué une si belle occasion d’épouser une princesse.

« J’irais bien, moi, si on m’y envoyait, » dit Petit-Pierre.

Petit-Pierre paraissait plus avisé que ses frères ; mais autant ceux-ci étaient gros, joufflus & vermeils, autant il avait l’air maigre, chétif & pâlot. C’eſt à ce point qu’on ne l’appelait jamais que le criquet ou le sautériau d’août.

« Quelle apparence que le sautériau réussisse mieux que ses frères ? pensait le sabotier. Jamais d’ailleurs la princesse ne voudra épouser un pareil criquion. »