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Contes d’un buveur de bière

— Si Votre Majeſté le permet, hasarda le sire de Nivelle, je me fais fort que le manneken ne ramènera pas demain son troupeau au complet.

— Va, mon ami, répondit le souverain, &, si tu réussis, je te donne ma fille, bien que tu ne sois point fils de roi, sais-tu, & que tu me paraisses bien gros pour la rendre heureuse. »

Le sire de Nivelle était gros, en effet, comme un tonneau, & il ne fallait pas moins qu’une pareille rencontre pour qu’il osât prétendre à la main de la princesse.

Le lendemain, il s’en alla au bois avec son chien, & se mit en quête de Petit-Pierre.


V


Le sautériau, pour passer le temps, avait coupé une branche de sureau & il était en train de fabriquer une canonnière ou plutôt, comme on dit chez nous, une arbute, quand il avisa de loin le gros seigneur. Vite, d’un coup de sifflet, il rassembla son troupeau.

« Hardi ! Miraud, hardi ! » cria le sire à son chien.

Miraud était un fameux lévrier. Son maître