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Contes d’un buveur de bière

— Allons, allons, pas tant de contes, fieu. Vous n’aviez point non plus la conscience bien nette quand vous êtes venu céans, & si sainte Monique, votre vénérable mère, n’avait si souvent ouvert le robinet de ses yeux, peut-être bien… »

Mais saint Auguſtin ne l’entendait plus, il était déjà loin.

« Que faire ? dit le bon Dieu. À moins de lui envoyer les saints Innocents, je ne vois vraiment pas… »

Et il envoya les saints Innocents.

« Pan ! pan !

— Qui eſt là ?

— Le meunier la Guerliche.

— On n’entre pas ! on n’entre pas !

— Ah ! vous voilà, mes petits fieux. C’eſt juſtement pour vous que je viens. Eſt-ce qu’on ne me reproche point d’avoir escamoté la farine de mes pratiques ? Ce que j’en faisais, c’était simplement pour vous apporter un paquet de bonnes gaufres sucrées. Ouvrez vite & tendez vos mains, mes enfants. »

Les saints Innocents ouvrirent la porte & se précipitèrent en foule, les mains tendues, vers la Guerliche, qui entra librement en diſtribuant des gaufres à droite & à gauche.

On courut rapporter les choses à Dieu le Père.