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Cambrinus, Roi de la Bière

— Tais-toi & écoute encore. »

Le clocher de Fresnes répéta la sonnerie, puis celui de Condé, puis celui de Bruille.

« Après ? dit encore le Fresnois.

— Tu me demandes un inſtrument qui force à danser. Le voilà tout trouvé. As-tu remarqué que ces cloches ont chacune leur son particulier ? Réunis-en plusieurs, accorde-les, mets la sonnerie en branle au moyen de deux claviers, l’un de touches & l’autre de pédales, tu auras ainsi le plus joli carillon…

— Carillon ! C’eſt le nom dont je baptiserai ce merveilleux inſtrument, s’écria Cambrinus. Merci, mon bon Belzébuth, &… adieu !

— Non. Au revoir !… dans trente ans… &, comme j’aime les affaires en règle, tu vas me faire la grâce de signer ce papier d’une goutte de ton sang. »

Il lui présenta une plume & un parchemin couvert de caractères cabaliſtiques. Le Fresnois se piqua le bout du doigt & signa. Aussitôt la houblonnière, la brasserie & Belzébuth, tout disparut.