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Le Compère de la Mort

— Je m’appelle la Mort.

— La Mort !… Diable !… Ainsi, c’eſt vous qui ?…

— Oui, fieu, c’eſt moi qui…

— Ah !… Eh bien ! vous avez raison. La Mort eſt juſte. Sa faux moissonne indiſtinctement le riche & le pauvre. Tope, compère, & nous boirons canette. Je vous promets un baptême qui sera digne du parrain.

— À quand le baptême ?

— À dimanche, au Chêne-Raoult, à quatre portées de crosse de Condé. Vous demanderez Jean-Philippe, le gros censier.

— C’eſt dit. Bonsoir, compère.

— Bonne nuit, la Mort. »

Les nouveaux amis se séparèrent.


III


Jean-Philippe rentra, le cœur & le pied légers, au Chêne-Raoult.

« Femme, dit-il à la censière, j’ai trouvé un fameux parrain, & s’il protège notre petit fieu, le gars ne mourra point en nourrice. » Comme les femmes s’effrayent de tout, il ne s’expliqua point davantage.