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Contes d’un buveur de bière

ronds comme ceux des chats, mais fendus en amande, & dont le regard rayonnait d’un éclat étrange ; ils brillaient autant que les lumerotes du marais de Vicq, & illuminaient une figure ravissante, encadrée par de longs cheveux dorés. Vous auriez cru voir une tête d’ange sur un corps de serpent.

« Que dois-je faire ? dit le Rôtelot.

— Ouvre cette porte. Tu te trouveras dans un corridor au bout duquel eſt une salle toute pareille à celle-ci. Va jusqu’au fond, prends mon corsage, qui eſt dans la garde-robe, & apporte-le-moi. »

Le petit soldat partit hardiment. Il traversa le corridor sans encombre, mais, arrivé dans la salle, il vit, au clair des étoiles, huit mains qui se tenaient en l’air à la hauteur de sa figure. Il eut beau écarquiller les yeux, il ne put apercevoir ceux à qui elles appartenaient.

Il s’élança bravement, tête baissée, sous une grêle de soufflets, auxquels il ripoſta par une dégelée de coups de poing. Parvenu à la garde-robe, il l’ouvrit, décrocha le corsage & l’apporta dans la première salle.

« Voici ! » fit Jean un peu essoufflé.

Clic ! Ludovine jaillit des flammes. Cette fois elle était femme jusqu’aux hanches. Elle prit le corsage & le revêtit.