Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/117

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de ce prodige, le monarque se cacha dans ses matelas d’où il n’osa pas même le lendemain sortir le bout du nez.

Cependant la jeune fille s’élança dehors et parvint bientôt au bord de la forêt où l’ombre régnait seule, comme si elle avait eu la prétention de faire en vingt-quatre heures quelque tort au soleil[1]. Tandis que l’ourse s’entretenait doucement avec les autres animaux, arriva en cet endroit le fils du roi de l’Eau-Courante. À l’aspect de cette ourse, il faillit mourir de frayeur, mais voyant qu’elle tournait autour de lui en balançant sa tête et en remuant sa queue, comme une petite chienne, il prit courage, se risqua à la caresser, et, tout en disant : « Couche, couche là, minette, minette, doucement, doucement ! » il la mena au palais et donna ordre qu’on la traitât comme lui-même : on l’installa dans le jardin afin qu’il pût la regarder à son aise par la fenêtre.


Lorsque tous les gens de la maison furent partis et que le prince se vit seul, il se mit à la fenêtre pour contempler son ourse ; il s’aperçut que Prétiosa, qui avait ôté le bâtonnet de sa bouche, s’occupait de peigner ses tresses d’or.

À l’aspect de cette beauté qui sortait de sa sauvage enveloppe, il fut frappé de stupeur : il dégringola

  1. Textuel.