Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/183

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montrer comment d’une donnée analogue on peut tirer un ensemble tout différent.

Mais d’où vient-elle, cette histoire, une des plus célèbres qu’il y ait au monde ? D’après Collin de Plancy, dont M. Ch. Giraud a adopté l’opinion, la Barbe bleue serait une vieille tradition de la Basse-Bretagne, et son héros, un seigneur de la maison de Beaumanoir.

M. Abel Hugo, plus précis mais moins crédule, nomme dans la France pittoresque (t. II, p. 165. — 1835, in-4o) le maréchal Gilles de Retz, seigneur d’une famille bretonne qui s’est jadis alliée avec les Beaumanoir du Maine. Gilles de Retz fut, en effet, brûlé à Nantes en 1440 pour avoir égorgé environ cent cinquante enfants sur lesquels il avait exercé sa lubricité.

La légende y a ajouté un nombre illimité de femmes, dont sept étaient ses épouses légitimes. On voit du reste encore, dans les ruines du château de Verrière, une petite salle tapissée de lierre qu’entourent sept arbres funéraires en mémoire des sept femmes du monstre.

Michelet assure que, pour l’honneur de la famille, on a substitué à son nom celui du partisan anglais Blue Beard. C’est aller chercher bien loin ce qu’on a sous la main. Non-seulement Gilles de Retz n’a pas donné lieu à la légende populaire, mais il lui doit évidemment son surnom, surnom d’ailleurs