Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la légende de sainte Trophime s’est modelée sur le conte de la Barbe bleue, comme la légende de sainte Dipne sur celui de Peau d’Ane.

Cambry, qu’on a trop souvent cité, dit en son Voyage dans le Finistère (p. 155 de l’édition Souvestre, Brest, 1835) : « La Bretagne revendique sur ma Mère Loye et sur Perault (sic) les contes de la Barbe bleue, du Chat botté, du Marquis de Carabas et même le Petit Poucet. »

Ce savant, qui semble prendre ma Mère l’Oye pour un écrivain et qui fait du marquis de Carabas le titre d’un conte différent du Chat botté, n’a pas trop l’air de savoir ce dont il parle. Il en parle d’ailleurs avec tout le mépris qu’il était de bon goût en 1789 d’afficher pour les contes de fées. « Mais je m’arrête, dit-il ironiquement, pour ne pas révolter, par tant de prétentions et d’avantages, l’orgueil des nations voisines. »

L’histoire de la Barbe bleue a couru en Bretagne comme partout ailleurs, mais elle est évidemment plus ancienne que celle du maréchal de Retz et même du roi Comorus. Les barbes bleues, du reste, ne sont pas rares dans les différentes mythologies. Le Rig-Véda (trad. Langlois, IV, p. 170) nous montre Indra secouant les poils de sa barbe d’azur et, parmi les monuments figurés de l’antiquité égyptienne, M. H. Husson cite un dieu Bès à la barbe azurée. Zeus lui-même n’avait-il pas une