Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/187

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barbe et des sourcils tellement noirs qu’ils en paraissaient bleus comme le plumage des corbeaux ?

Dans sa Mythologie zoologique (t. Ier, p. 182), M. A. de Gubernatis cite une variante esthonienne de la légende française. Le héros a déjà égorgé onze femmes ; malgré sa défense, la douzième ouvre avec la clef d’or la chambre secrète ; elle est sauvée par un jeune gardeur d’oies, son ami d’enfance.

Dans une variante lithuanienne de Schleicher, un frère défend à sa sœur d’entrer dans une chambre où se trouvent les corps des brigands qu’il a tués. Je n’indique que pour mémoire ce conte qui s’éloigne beaucoup trop de la version type et où la chambre aux cadavres n’est qu’un détail dans un récit fort compliqué.

Dois-je aussi mentionner, comme dérivant de Barbe bleue, un conte flamand dont le héros noie ses femmes au lieu de les égorger ? Il en a déjà noyé treize, quand la quatorzième, usant de subterfuge, parvient à le noyer à son tour.

Les frères Grimm avaient admis, dans leur première édition des Contes des Enfants et du Foyer, une Barbe bleue tout à fait semblable à la nôtre. Ils l’ont retranchée, craignant sans doute que ce ne fût qu’une traduction du récit de Perrault, dont le livre est si répandu, ayant été longtemps le seul recueil de contes populaire dans l’Europe entière. Ils ont eu raison : la Barbe bleue allemande ne peut être que l’Oisel