Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/192

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En entrant, quelle ne fut pas sa terreur ! Au milieu de la chambre, on voyait un large bassin plein de sang, où nageaient des morceaux de cadavres humains. Elle eut si grand’peur que l’œuf qu’elle tenait tomba dans le bassin.

Elle le ramassa bien vite et voulut enlever le sang, ce fut en vain : il reparaissait toujours. Elle avait beau essuyer et gratter, elle ne put nettoyer l’œuf.

Bientôt l’homme revint de son voyage, et son premier soin fut de redemander l’œuf et les clefs. Elle les lui remit en tremblant. Il les considéra et vit qu’elle était entrée dans la chambre sanglante. Alors il dit :

— Puisque malgré moi tu es entrée dans la chambre, malgré toi tu y rentreras : ta vie va finir.

Il la saisit par les cheveux et la mit en pièces. Son rouge sang coula par terre, et le sorcier jeta ses membres par-dessus les autres qui nageaient dans le bassin.

« Maintenant, je vais chercher la seconde fille, » se dit le maître sorcier, et, sous la figure d’un vieux mendiant, il retourna à la maison.

La seconde fille lui apporta un morceau de pain ; il se saisit d’elle, comme de la première, rien qu’en la touchant, et l’emporta chez lui. Il arriva à celle-ci comme à sa sœur : elle sa laissa entraîner par la