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LA CHATTE DE CONSTANTIN

LE FORTUNÉ
Facétieuses nuits de Straparole de Caravage, xie nuit, conte i.


Il y avait en Bohême une femme nommée Soriane, qui était fort pauvre et qui avait trois fils. Le premier s’appelait Dusolin, le deuxième Tésiphon et le troisième Constantin le Fortuné. Cette femme n’avait au monde pour subsister que trois choses : une huche où elle pétrissait le pain, un tour sur lequel elle tournait la pâte, et une chatte.

Comme elle était chargée d’ans et qu’elle sentait venir la mort, elle fit son testament et laissa la huche à Dusolin, son fils aîné, le tour à Tésiphon et la chatte à Constantin.

La mère morte et enterrée, les voisins empruntaient, selon qu’ils en avaient besoin, tantôt la huche, tantôt le tour, et, connaissant la pauvreté des orphelins, ils leur faisaient une galette que Dusolin et Tésiphon mangeaient sans en donner à Constantin, leur plus jeune frère.

Si Constantin leur en demandait, ils lui répondaient de s’adresser à sa chatte, qui lui en baillerait. C’est pourquoi le pauvre Constantin et sa chatte pâtissaient beaucoup.