Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/240

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que beaucoup d’histoires que nous a faites l’ancienne Grèce ; et j’aime autant dire qu’il sortoit des perles et des rubis de la bouche de Blanche, pour désigner les effets de l’éloquence, que de dire qu’il sortoit des éclairs de celle de Périclès. Contes pour contes, il me paroît que ceux de l’antiquité gauloise valent bien à peu près ceux de l’antiquité grecque : et les fées ne sont pas moins en droit de faire des prodiges que les dieux de la fable. »

Il faut lire ce récit fastidieux si l’on veut apprécier, même dans ses endroits les plus faibles, l’immense supériorité de Perrault sur ses contemporains. Il prouve d’ailleurs que de son temps le conte se contait en France comme il l’a donné, sans le drame qu’on trouve dans les pays voisins.

Mlle Lhéritier dédie une autre de ses historiettes, Marmoisan ou l’innocente tromperie, à la fille du conteur, « pour qu’elle la redise à son aimable frère et qu’ils jugent ensemble si cette fable est digne d’être placée dans son agréable recueil de contes. » Au lieu de l’Innocente tromperie, qui n’a rien de féerique, Perrault aurait-il choisi le sujet des Enchantements de l’éloquence, après l’avoir débarrassé de l’aventure du chasseur ? Cette hypothèse ne supprimerait nullement la collaboration de la nourrice.

Mme Leprince de Beaumont a repris plus tard la donnée dans la Veuve et ses deux filles. La fée fait une fermière de la fille modeste et une reine de