Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/264

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— Je ne leur donne rien d’autre, répondit-il, que l’herbe fraîche des champs.

Mais le roi ne se contenta pas de cette réponse, et il envoya sous main un serviteur fidèle pour observer où Ciommo conduisait son troupeau. Celui-ci suivit sa trace : il le vit entrer dans la chaumine et laisser les oies toutes seules.

Elles s’en allèrent vers le rivage et, à leur arrivée, Martiella sortit de la mer, si belle que plus belle ne sortit pas des flots la mère de cet aveugle qui, comme dit le poëte, ne veut point recevoir d’autre aumône que celle de nos pleurs.

À cette vue le serviteur du roi, tout ébahi et hors de lui-même, courut rendre compte à son maître du beau spectacle qu’il avait eu au théâtre de la mer.

La curiosité du roi bondit au récit de cet homme. Elle lui donna envie d’aller en personne contempler ce tableau. Le matin, à l’heure où le coq, chef du peuple des oiseaux, les excite tous à armer les vivants contre la nuit, Ciommo se rendit avec les oies au lieu accoutumé ; le roi le suivit, sans le perdre de vue, et la bande arriva au bord de la mer, pendant que son gardien s’enfermait dans sa retraite habituelle.

Le monarque vit alors paraître Martiella, qui donna à manger aux oies une corbeille de gâteaux, leur fit boire un petit chaudron d’eau de rose et