Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/266

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et que je m’attarde sur ce rivage, elle tire dans la mer l’esclave qu’elle garde ainsi richement enchaînée.

— Quel serait, demanda le roi, le moyen de t’arracher des griffes de cette sirène ?

— Ce serait, répondit Martiella, de scier celle chaîne avec une lime sourde et de m’enfuir.

— Attends-moi demain matin, répliqua le monarque, je viendrai avec l’instrument nécessaire, et je te conduirai à mon palais où tu seras mon œil droit, le bijou de mon cœur et l’âme de mon âme[1].

Ils se donnèrent en s’embrassant un gage de leur amour. Alors elle se jeta dans l’eau et lui dans le feu, un feu tel qu’il n’eut pas une heure de repos en toute la journée.

Quand la noire séquelle de la Nuit commença de faire le sabbat avec les étoiles, il ne ferma pas les yeux, mais il passa le temps à se rappeler avec l’image de la mémoire les beautés de Martiella.

Il promenait sa pensée des merveilles de sa chevelure aux miracles de sa bouche et aux prodiges de ses pieds. Il essaya l’or de ses grâces sur la pierre de touche de son jugement et le trouva de vingt-quatre carats.

  1. i. La popella de lo core mio e la visciola de st’ arma.