Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/283

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d’or. Il va au bal, fait la conquête de la fille aux roses, et disparaît chaque fois avant la fin. Pour le reconnaître, celle-ci lui met de la poix dans les cheveux, etc., etc.

Parmi les contes que nous venons d’analyser, ceux que Thorpe et Dasent ont traduits du danois, du suédois et du norvégien, comme d’ailleurs ceux de Busk et de Kennedy, ont l’énorme défaut d’être longs et filandreux au possible. Durant des pages entières ils répètent à satiété les mêmes effets dans les mêmes termes. Ce sont, à proprement parler, des contes à dormir debout.

Ces défauts sont voulus. Les auteurs de ces recueils se sont préoccupés uniquement de la fidélité ; ils n’ont eu qu’un seul but : fournir des documents à la linguistique et à l’ethnographie. Ils se sont figuré qu’en reproduisant à la lettre les récits des conteurs populaires, ils arriveraient à une plus grande exactitude. En quoi ils se sont trompés.

Le papier, a dit un homme d’esprit, est bête de sa nature. Il ne rend ni les inflexions de la voix, ni le geste, ni la physionomie du conteur. Pour suppléer à tous ces moyens d’action et ranimer le conte qui se fige sous la plume, il faut la naïveté, la grâce, la prestesse, tous les dons charmants qu’on admire dans Perrault.

Il en résulte donc qu’actuellement la plupart des collecteurs de contes sont aussi infidèles qu’ennuyeux.