Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/287

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1868) une des formes les plus anciennes de l’histoire de Cendrillon. Je suis fâché que l’éminent philologue ne donne pas ses raisons, car le réservoir de crème m’a bien l’air d’une imitation moderne des ruisseaux de lait et de miel de l’âge d’or.

À ce propos, nos lecteurs ont pu s’apercevoir que nous n’avons pas adopté dans cette étude le système de M. Gaston Paris, d’après lequel les contes actuels ne seraient que des épreuves à demi effacées d’originaux beaucoup plus parfaits.

En admettant que certaines légendes aient été d’abord des mythes solaires, nous ne voyons point pourquoi l’esprit humain n’aurait pas suivi en général dans ce genre de littérature la loi du perfectionnement qu’il a suivie si manifestement dans d’autres, et notamment dans la fable, qui confine au conte[1].

Ainsi que l’a fort bien dit M. Baudry dans la Préface des Contes choisis des frères Grimm, « la tradition a agi comme un crible, se délivrant de ce

  1. i. Il est juste de reconnaître que M. Gaston Paris, le savant qui possède le mieux en France cette nouvelle science, pour laquelle il propose le nom de mythographie comparée, est aussi celui qui tient le plus à ce qu’on y procède avec prudence. N’est-ce pas lui qui, à propos de la Chaîne traditionnelle de M. H. Husson, a écrit dans la Revue critique (4 juillet 1874) : « Dans les conditions où se trouve la science aujourd’hui, il y aurait, pour les hommes qui ont le plus longuement étudié la question, une véritable témérité à rattacher un conte à la mythologie primitive. »