Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/316

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seule différence qu’il exprime en dix lignes ce que Mme Leprince de Beaumont délaye en quatre pages.

Une autre version allemande de cette histoire, peut-être moins primitive, la Branche de noyer, de Bechstein, offre avec le conte français des ressemblances encore plus frappantes. Non-seulement le début, mais le dénoûment du récit est identique. Ici comme là, la beauté et la bonté rompent l’enchantement et métamorphosent la brute en un beau prince qui épouse l’héroïne.

Il est bien probable que Mme Leprince de Beaumont n’a connu de ce conte qu’une version fort incomplète. Elle a remplacé par de jolies scènes de sentiment les incidents merveilleux où elle avait cru voir ce même sentiment représenté sous une forme plastique, et c’est ainsi qu’elle a écrit son chef-d’œuvre, auquel il ne manque que la sobriété et la naïveté pour être un chef-d’œuvre.

La Belle et la Bête n’a qu’un point de contact avec Riquet à la Houppe, C’est l’esprit qui dans le récit de Perrault opère le prodige que Mme Leprince de Beaumont fait accomplir par le cœur.

« — Vous pouvez, dit le héros à la princesse, me rendre le plus aimable des hommes.

— Comment cela se peut-il faire ? répond la princesse qui, peu soucieuse d’épouser un magot, cherche par tous les moyens possibles à éluder sa parole.