Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/344

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La version lorraine ne tient donc pas compte de la vraisemblance, et ce trait, nous l’avons souvent remarqué, est un de ceux où l’on peut reconnaître qu’un récit a été puisé directement à la source populaire.

Le cadet était si ptiat qui n’ato me pu gran qu’lo, ptiat doye : c’est pourquoi on l’avait appelé lo Ptiat Pousset. Perrault a encore corrigé ce détail, et, toujours en vue de la vraisemblance, il a permis au Petit Poucet de grandir. Pour expliquer son nom, il s’est contenté de dire que « quand il vint au monde, il n’était guère plus gros que le pouce. »

M. Paris trouve que c’est là une explication insuffisante, et il en induit, nous le répétons, que Perrault « a recueilli le conte sans le nom, et réciproquement, et les a rattachés l’un à l’autre. » On voit ce que devient l’induction de M. Paris, si la fiaoue d’Oberlin est originale, comme ce dernier l’assure. Continuons de démontrer qu’elle l’est en effet.

Chez Perrault, il survient une famine qui décide la perte des enfants. Chez Oberlin, la famine est inutile : la misère ordinaire au moyen âge, surtout la misère d’un bûcheron chargé de onze enfants, suffit pour motiver la funeste résolution.

Dans Perrault, le Poucet, pour mieux entendre, se glisse sous l’escabelle de son père ; dans Oberlin, ce détail n’existe pas : une chaumière est un logis