Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

homme seul que Jupiter accorde le don, c’est donc lui qui fait venir le boudin, qui l’envoie au nez de sa femme et qui l’en retire. Pour cela il faut que celle-ci l’accable d’injures et le mette en colère, qu’ensuite il réfléchisse et qu’il s’apaise. Surchargée par tous ces détails, la plume du conteur néglige de nous montrer l’homme et la femme passant en revue les différents biens et les rejetant tour à tour comme insuffisants.

Les Souhaits ridicules sont supérieurs par la forme à Peau-d’Ane, et surtout à Griselidis ; mais pour que le conte fût parfait, il aurait fallu, ce nous semble, que Perrault écrivît en prose la version de Mme Leprince de Beaumont. Le produit de cette collaboration eût valu les contes de Sendabar et de Syntipas. Avec son aune de boudin, le récit français les traduit évidemment à l’usage des lecteurs qui veulent être respectés, — ce qui d’ailleurs ne prouve nullement que Perrault, comme Mme de Beaumont, n’a pas pris son sujet dans la tradition populaire.

Avant de terminer, citons un conte dont la version normande est fort gaie sous la plume de M. Edélestand du Méril (Revue Germanique, t. IV, p. 68). Ce conte, en passant par l’imagination allemande, quitte la farce pour entrer dans le drame et acquiert ainsi une ampleur et une élévation étonnantes.