Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/117

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dant alerte et dispos, bien que moins solide à l’ouvrage qu’au temps jadis. Ses cheveux grisonnent à peine, et il les a aussi abondants qu’un jeune homme.

Si le bonheur idéal existait ici-bas, au lieu d’être une décevante chimère, nous pourrions écrire hardiment que Pierre Bouet en jouit à cœur-que-veux-tu ; mais soyons moins absolu et disons que le bonhomme est le mortel le plus heureux de la création, – ce qui est bien déjà quelque chose ! Appuyé d’un côté sur la bonne vieille Marianne, sa compagne toujours chère, et de l’autre sur sa fille Anna, qu’il idolâtre, le père Bouet achève paisiblement le chemin de la vie, sans la moindre inquiétude sur la fin du voyage.

Sa prospérité ne s’est pas ralentie un instant. Au contraire, le petit capital qu’il a péniblement amassé dans ses jours de vigueur s’est plus que doublé par la seule accumulation des rentes ; et, bien qu’il ne se livre plus à la pêche et qu’il se fasse aider pour les travaux des champs, le père Bouet n’en continue pas moins de voir son magot s’arrondir.

Quant à Marianne, c’est toujours la sage