Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/123

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cueillette de toutes ces richesses. Elle ne dédaigne pas de manier la faucille, et elle a, ma foi, un faux air de druidesse antique lorsqu’elle circule au milieu des épis, son instrument sur l’épaule. Il ne manquerait, pour compléter l’illusion, que de remplacer la faucille de fer par une serpette d’or. Enfin, quand est venu le tour des fruits, il n’est pas rare de la trouver perchée au beau milieu des branches, faisant pleuvoir autour d’elle pommes ou prunes, et jetant aux échos du verger les notes joyeuses de sa voix d’enfant.

Tel est le tableau que présente la famille de Pierre Bouet au moment où nous reprenons la plume, – tableau rustique, mais doucement éclairé par la lumière d’un bonheur paisible.

Rien ne trouble donc la sérénité de cette maison bénie où la vieillesse et l’adolescence cheminent insoucieusement vers l’avenir, appuyées l’une sur l’autre. Il y a belle lurette, – comme dirait notre ancienne connaissance Eulalie – que les fatidiques prédictions de la mère Démone ont été oubliées ; ou, du moins, si Pierre Bouet s’en souvient encore, à coup sûr il n’en