Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/15

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Marianne fermaient maintenant pour toujours la route à toutes ces illusions, qui n’avaient pas été sans charmes, pour ne laisser comme réalité que le foyer vide et le petit berceau à l’état de rêve évanoui.

Pierre Bouet lança un véritable nuage de fumée et reprit d’une voix amère :

— Et dire, ratatinette ! qu’il y a des fainéants et des propres à rien dont les maisons sont pleines d’enfants !… Vois, par exemple, mon garnement de frère, Antoine. Ça vous a mangé un beau bien en moins de vingt ans ; ça vit on ne sait comment ; c’est plaideur, dépensier, sans talents, sans religion et, pardessus tout ça, ivrogne comme une éponge… Eh bien ! ça vous a un gars et une fille qui sont pris comme des sapins. C’est pas juste, à la fin des fins !

— Pierre, Pierre, interrompit doucement la pieuse Marianne, ce que tu dis là n’est pas bien, mon homme. Il faut se contenter de ce que le bon Dieu nous envoie et ne pas envier le bien d’autrui. Antoine est père de deux enfants, c’est vrai, mais il n’a pas, comme nous, toujours du pain dans la huche.

— À qui la faute, je te le demande ? Il a