Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/195

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comme l’ongle, se prenait alors à désirer passionnément de les voir, à éprouver pour eux une invincible tendresse. Quelque chose d’innommé s’agitait dans son âme, qui lui disait que ses mystérieux parents vivaient encore et qu’un jour ils lui seraient rendus. Elle s’absorbait si complètement dans cette illusion, se repaissait si souvent de cette chimère, qu’elle en arrivait à se faire de son père une idée arrêtée et à lui donner une figure parfaitement distincte des autres figures connues ; quant à sa mère, elle se croyait sûre de se la représenter exactement, grâce au médaillon qu’elle portait toujours à son cou, et, s’imaginait sincèrement avoir déjà vu ses traits.

Mais, hélas ! la pauvre enfant n’était pas aussitôt revenue au monde réel, que toutes ces chères illusions s’évanouissaient, pour ne laisser place qu’à cette vague mélancolie dont nous venons de parler. Elle s’était trop souvent fait raconter par le père Bouet tous les détails de la nuit mémorable du 15 septembre 1840, pour ne pas reconnaître l’inanité de ses espérances. Aussi, à part ces instants de rêverie où son âme caressait la douce chimère de