Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/201

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Tamahou sauta sur le rivage, chargé de son fardeau vivant, d’où s’exhalait des plaintes inarticulées. Parvenu au pied des falaises, à deux pas de l’ouverture servant de porte à son logis, le Sauvage mit Anna sur ses jambes et lui dit d’un ton bourru :

— Écoute, femme, et cesse de pleurnicher, si tu tiens à ta peau. C’est ici la cabane où tu vivras dorénavant. Des personnes qui s’intéressent à toi t’y ont préparé un logement digne d’une princesse… Entre !

Et, comme la jeune fille ne bougeait pas, Tamahou lui saisit brutalement les coudes et lui cria dans les oreilles :

— Misérable face pâle, vas-tu bien obéir ? On n’entre qu’un par un dans ma cabane, et c’est toi qui dois passer la première, entends-tu !

La pauvre enfant, plus morte que vive, se laissa pousser dans l’ouverture et s’arrêta aussitôt, ne sachant où poser le pied dans cet antre aussi noir qu’une fosse à loups.

— Marche encore ! gronda le Sauvage. C’est ici ma chambre ; la tienne est plus loin.

Et il guida sa victime dans le couloir rocheux faisant communiquer les deux