Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/22

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pressentiments ne le trompaient jamais, se disait-il.

Telles étaient les réflexions de l’honnête insulaire, au moment même où il achevait de renouveler les appâts de sa ligne la plus près du fleuve — non toutefois sans avoir empoché quelques belles anguilles — lorsque tout à coup il se redressa, comme s’il eût vu un serpent accroché à l’une de ses empeignes.

Immobile d’abord, il ne tarda pas à s’approcher du bord de l’eau et à scruter le fleuve de toute la puissance de son regard.

Un bruit lointain de rames se faisait entendre, venant du large. Parfois même, le son encore mal défini d’une voix humaine dominait le sifflement de la brise.

Évidemment une embarcation faisait force de rames vers la terre, luttant péniblement contre la violence du vent et du courant.

Pierre Bouet ne respirait plus. Toutes ses facultés se concentraient dans ses yeux et ses oreilles.

Mais bientôt, plus de doutes ! La chaloupe — car c’en est une — apparaît dans la