Page:Dick - L'enfant mystérieux, Tome I, 1890.djvu/39

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Au pied de la côte du moulin, le quêteux rencontra Thomas qui arrivait avec une charge d’avoine.

« — La charité, pour l’amour du bon Dieu ? » demanda-t-il poliment, en ôtant son vieux chapeau.

« — Va au diable : j’ai pas le temps ! » répondit durement Thomas, qui se mit à fouetter ses bœufs.

Comme tout à l’heure, le quêteux ne souffla mot ; mais il étendit lentement sa main droite du côté du moulin et disparut au milieu des arbres.

Ici le narrateur fit une pause habile pour exciter davantage la curiosité de son auditoire, lequel, pourtant, suspendu aux lèvres d’Antoine Bouet, n’avait pas besoin de cet aiguillon. Puis il secoua la cendre de sa pipe sur son pouce et reprit :

— Le quêteux n’avait pas plus tôt fait ce geste que, cric ! crac ! le moulin s’arrêta net.

Jean lâcha un juron et s’en fut voir ce qu’il y avait. Mais il eut beau examiner la grand’roue, les courroies, les petites roues d’engrenage, et tout le bataclan… rien. Tout paraissait en ordre. L’eau ne manquait pas non plus.